Eloge profane d’Only Lovers Left Alive
Je ne suis pas un spécialiste du cinéma, loin de là. Je peux donc critiquer les films que je vois en toute naiveté, et en toute impunité ! C’est ce que je souhaite faire avec Only Lovers Left Alive, le dernier film de Jim Jarmusch.
Réalisateur préféré des snobs et des gens “cools”, Jarmusch a me semble-t-il réalisé ici un film en adéquation : snob et cool. Sauf que je l’entends ici dans le meilleur sens possible. Soit pour traduire, sophistiqué et désinvolte. Notez qu’en termes de couples d’adjectifs, le film est également pointu et langoureux, tendre et féroce ou gothique et contemplatif.
Alors revoila le thème des vampires, la chose étant symboliquement fort puissante, chaque artiste se sent obligé de nous fournir sa propre version, en toute mégalomanie. Un historique culturel à retrouver ICI, qui nous rappelle que tout a été fait.
Alors dans ce cas pourquoi aller voir le film ?
A – Et bien peut être pour cette même raison, le film s’appuie sur le socle universel du vampire pour traiter de grands thèmes, ou du moins pour les survoler. Pas de profondeur dans l’analyse ici, mais un portrait du monde tout en évocations, dressé par deux vampires aussi beaux qu’il sont pathétiques.
+ B – Parce que les branchés ont maintenant leur vampire de référence. Fans de Yasmine Hamdan, de Jack White, de vieilles guitares, d’amplis à lampes soviétiques, de littérature romantique, équipés d’iphones, préférant Detroit et la vieille ville de Tanger à Los Angeles, le tout dans une atmosphère bohème de haute précision. Ces vampires sont de tels hipsters qu’il doit y avoir la dedans une part d’autodérision de la part de l’auteur…
+ B – Pour le rapport au temps et aux choses. Dit comme ça c’est un peu pompeux, (après tout, le film l’est de manière assumée) mais finalement toute cette eternité dont disposent ces vampires permet à Jarmusch de peindre un idéal aristocratique qui tente déséspérement d’échapper aux choses du corps – les humains “zombies”, les médecins ridicules – pour se rapprocher des arts, des sciences et des sentiments nobles. Jusqu’au paradoxe qui donne sa teinte humoristique au film, ces sujets très élevés sont traités avec une absence de recul des protagonistes qui confine absolument à l’humanité. Critique musicale, commentaires vestimentaires, ivresse de sang, ces vampires là sont bien plus humains qu’ils n’y paraissent.
+ B – Parce que c’est une puissante histoire d’amour. Adam et Eve, après des siècles, s’aiment encore passionnement. La tendresse de ceux qui se connaissent par coeur est montrée sous un jour positif et presque réconfortant, des décisions sans trop de paroles et des gestes surs, assez agréable dans une époque toute dévouée à l’amour passion, à feu et à sang.
Bon, vous devriez aller le voir.